Écrit par 10h00 Cancérologie

L’endométriose !!!/Endometriosis!!!

An English version follows

Etymologiquement endométriose vient du grec, endo signifie « à l’intérieur » et mêtra veut dire « matrice ». Elle est le tissu qui recouvre la paroi interne de l’utérus, s’épaissit chaque mois pour accueillir un éventuel embryon, se désagrège et saigne au cours des menstruations si aucun ovule n’a été fécondé. Dans la pathologie d’endométriose, les cellules de l’endomètre ont métastasé en dehors de l’utérus et se retrouvent dans divers organes voisins, où elles ne devraient pas être : les trompes de Fallope, les ovaires, le muscle de l’utérus (adénomyose), le vagin, l’intestin, la vessie ; voire exceptionnellement le tube digestif, les poumons ou le diaphragme, le cœur et le cerveau. Les cellules métastasées forment des lésions éparses et foncées « en taches de girafe ». L’endométriose est une pathologie presque inconnue, sous-estimée et incomprise ; il y a à peine dix ans, elle a commencé à émerger dans le champ public et a une croissance exponentielle depuis lors. L’endométriose touche 10 % des femmes, et les douleurs qu’elle entraîne sont sans commune mesure avec les douleurs usuelles des règles, déjà pénibles. Les jeunes filles d’aujourd’hui ont appris à grandir avec ce « mot » et ces maux que leurs mères découvrent à peine. L’endométriose touche des sujets tabous qui invisibilisent encore plus la maladie : la sexualité, les menstruations et l’intimité de manière générale (1).

La pathologie d’endométriose a des symptômes très divers, ce qui rend cette maladie déroutante. Outre les douleurs pendant les règles, il faut ajouter les douleurs pendant les rapports sexuels, lors de la défécation et de la miction ; mais aussi des douleurs chroniques à l’abdomen, dans la région lombaire et le long du nerf sciatique ou crural . Les symptômes peuvent se manifester indépendamment du cycle menstruel (2). L’endométriose n’est donc pas une maladie bénigne (non cancéreuse), même si elle n’est pas maligne (cancéreuse). On admet qu’elle aura des effets sur la fertilité dans 30 % des cas et que 20 à 50 % des patientes qui consultent pour une infertilité ont une endométriose (1). Les causes, selon une institution de la recherche, seraient pour moitié génétiques et pour moitié environnementales. Le volet génétique cible surtout l’épigénétique, c’est-à-dire non pas les gènes eux-mêmes, mais la façon dont ils sont exprimés (« allumés » ou « éteints »). Ainsi, certaines femmes ont des enzymes qui peuvent multiplier par sept les risques d’avoir certaines formes d’endométriose. L’autre volet explore la piste des perturbateurs hormonaux chimiques (3). Les pesticides jouent un rôle dans le déclenchement de l’endométriose (4). La piste de l’origine fœtale de l’endométriose s’est consolidée (5). Plusieurs exemples reliant endométriose et toxiques chimiques sont cités dans la littérature scientifique (6).

La pathologie d’endométriose est selon certains chercheurs causée par la migration anormale de cellules primitives de l’endomètre en dehors de la cavité utérine pendant la formation des organes (organogenèse) de l’embryon. Ces tissus resteraient « silencieux » pendant l’enfance et se réveilleraient avec l’imprégnation hormonale de la puberté, entraînant le début de l’endométriose (7). Selon certains chercheurs, les cellules germinales qui vont migrer vers les gonades pour les transformer en ovaires seraient entravées dans leur communication. Au lieu de converger pour accomplir la genèse de l’organe reproducteur, l’utérus et vagin, certaines cellules arrêtent leur migration en chemin, et ce seraient ces cellules qui donneraient naissance aux tissus anarchiques de l’endométriose (8) « Les perturbateurs endocriniens comme les estrogènes de synthèse (pilule) et les composés chimiques visant les récepteurs des estrogènes pourraient peut-être réduire provisoirement les symptômes tout en aggravant la croissance de l’endométriose ». En 2017, les chercheurs dressent le bilan de leurs connaissances et concluent que les perturbateurs hormonaux in utero (dans l’utérus) sont la cause de l’endométriose de l’âge adulte (9). La chirurgie demeure le seul traitement pour soigner l’endométriose. Il n’existe pas encore de traitement qui guérit l’endométriose (10). Il en existe toutefois qui soulagent les symptômes. Les anti-inflammatoires et les analgésiques sont souvent utilisés pour soulager la douleur. Il y a également les traitements hormonaux qui visent à diminuer la prolifération des cellules d’endométriose et les saignements (la pilule, le stérilet hormonal, les injections, etc.). L’endométriose est une maladie complexe puisqu’elle n’atteint pas toutes les personnes de la même façon. Certaines personnes n’ont aucun symptôme, d’autres souffrent 24h sur 24h.

Etymologically, endometriosis comes from the Greek: endo means « inside » and mêtra means « womb ». It is the tissue that covers the inner lining of the uterus, thickens each month to accommodate a possible embryo, disintegrates and bleeds during menstruation if no egg has been fertilised. In endometriosis, the endometrial cells have metastasised outside the uterus and are found in various neighbouring organs, where they should not be: the fallopian tubes, ovaries, uterine muscle (adenomyosis), vagina, intestine, bladder; exceptionally even the digestive tract, lungs or diaphragm, heart and brain. Metastasised cells form scattered, dark « giraffe spot » lesions. Endometriosis is an almost unknown, underestimated and misunderstood pathology; just ten years ago, it began to emerge into the public arena and has grown exponentially ever since. Endometriosis affects 10% of women, and the pain it causes is incomparable with the usual pain of menstruation, which is already painful. Today’s young girls have learnt to grow up with this « word » and these aches and pains that their mothers are barely aware of. Endometriosis touches on taboo subjects that make the disease even more invisible: sexuality, menstruation and intimacy in general (1).

Endometriosis has a wide range of symptoms, which makes it a confusing condition. In addition to pain during menstruation, there is pain during sexual intercourse, defecation and urination, as well as chronic pain in the abdomen, lumbar region and along the sciatic or crural nerve. Symptoms may occur independently of the menstrual cycle (2). Endometriosis is therefore not a benign (non-cancerous) disease, even if it is not malignant (cancerous). It is accepted that it will affect fertility in 30% of cases and that 20-50% of patients who consult a doctor for infertility have endometriosis (1). According to one research institution, the causes are half genetic and half environmental. The genetic component mainly targets epigenetics, i.e. not the genes themselves, but the way in which they are expressed (« switched on » or « switched off »). For example, some women have enzymes that can increase their risk of developing certain forms of endometriosis sevenfold. The other strand explores chemical hormone disruptors (3). Pesticides play a role in triggering endometriosis (4). The possibility that endometriosis originates in the foetus has been consolidated (5). Several examples linking endometriosis and chemical toxicants are cited in the scientific literature (6).

According to some researchers, the pathology of endometriosis is caused by the abnormal migration of primitive endometrial cells outside the uterine cavity during the formation of the embryo’s organs (organogenesis). These tissues remain « silent » during childhood and are reawakened with the hormonal impregnation of puberty, leading to the onset of endometriosis (7). According to some researchers, the germ cells that migrate towards the gonads to transform them into ovaries are hindered in their communication. Instead of converging to produce the reproductive organ, the uterus and vagina, certain cells stop migrating along the way, and it is these cells that give rise to the anarchic tissues of endometriosis (8). « Endocrine disruptors such as synthetic estrogens (the pill) and chemical compounds targeting estrogen receptors could perhaps temporarily reduce symptoms while aggravating the growth of endometriosis ». In 2017, researchers took stock of their knowledge and concluded that hormone disruptors in utero (in the womb) are the cause of endometriosis in adulthood (9). Surgery remains the only treatment for endometriosis. There is as yet no cure for endometriosis (10). There are, however, treatments that relieve the symptoms. Anti-inflammatories and analgesics are often used to relieve pain. There are also hormonal treatments aimed at reducing the proliferation of endometriosis cells and bleeding (the pill, hormonal IUD, injections, etc.). Endometriosis is a complex disease because it does not affect everyone in the same way. Some people have no symptoms at all, while others suffer 24 hours a day.

Références

(1) Lalo, C. (2021). Le grand désordre hormonal. 516 p.

(2) : https://www.espacesanteleslucioles.com/localisations-et-symptomes-de-l-endometriose

(3) « Endométriose : une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue » https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers- information/endometriose

(4) Cooney M. A., Buck Louis G.M., Hediger M.L., Vexler A. et Kostyniak, P.J. (2010) « Organo-Chlorine Pesticides and Endometriosis », Reproductive Toxicology, 30(3):365-369. https://doi.org/10.1016/j.reprotox.2010.05.011

(5) Signorile P.G., Baldi, F., Bussani, R., Viceconte, R., Bulzomi, P., D’Armiento, M., D’Avino, A. et Baldi, A. (2012) « Embryologic Origin of Endometriosis: Analysis of 101 Human Female Fetuses », Journal of Cellular Physiology, 227(4):1653-1656, https://doi.org/10.1002/jcp.22888

(6) Rumph J.T., Stephens V.R., Archibong A. E., Osteen K.G. et Bruner- Tran K.L., (2020). « Environmental Endocrine Disruptors and Endometriosis », Advances in Anatomy, Embryology and Cell Biology, 232: 57-78. https://doi.org/10.1007/978-3-030-51856-1_4

(7) Makiyan, Z. (2017). « Endometriosis Origin From Primordial Germ Cells », Organogenesis, 13(3):95-102, https://doi.org/10.1080/15476278.2017.1323162

(8) Signorile P.G., Baldi F., Bussani R., D’Armiento, M., De Falco M., Boccellino M., Quagliuolo L., Baldi A., (2010) « New Evidence of the Presence of Endometriosis in the Human Fetus », Reproductive Biomedicine Online, 21(1):142-147. https://doi.org/10.1016/j.rbmo.2010.04.002

(9) Ibid

(10) Traduction d’Elena Pasca, disponible sur le site Pharmacritique :

https://pharmacritique.com/2011/07/29/face-au-business-et-a-la-psychologisation-de-lendometriose-lurgence-de-redefinir-lendometriose-a- lage-moderne-et-son-traitement-par-exerese-selon-le-dr-david-redwine-2

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Last modified: 3 octobre 2023

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