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L’approche traditionnelle en toxicologie et en écotoxicologie est d’étudier les effets d’une seule substance, indépendamment d’autres expositions. Or, dans la pratique, les organismes sont exposés à de multiples substances, susceptibles d’agir en synergie. C’est ainsi que des substances, considérées indépendamment comme non toxiques, peuvent présenter des effets délétères si elles agissent conjointement. Lorsque plusieurs toxiques agissent en même temps, la toxicité finale est plus forte que la somme de chaque toxique. C’est ce qu’on appelle l’effet cocktail (Delfosse et al., 2021). Nous sommes exposés à plusieurs produits chimiques à la fois. L’évaluation des effets de ce cocktail toxique est encore très nouvelle. Considérant l’énorme diversité des perturbateurs endocriniens, on imagine aisément le problème que soulève la prise en compte de cet effet cocktail : le nombre de combinaisons possibles de substances paraît vertigineux. Néanmoins différentes expériences montrent déjà que les effets peuvent se combiner et parfois dépasser l’addition des effets des produits pris individuellement. Plus troublant encore, des perturbateurs endocriniens présents dans le corps à des doses inoffensives, prises séparément, peuvent devenir très toxiques lorsqu’ils sont mélangés (WWF, 2011). Delfosse et al., (2021) ont montré comment les mélanges chimiques peuvent modifier la physiologie et l’homéostasie à des concentrations où les composants individuels sont considérés comme sûrs. En toxicologie classique, plus on ajoute de poison et plus l’effet toxique augmente, en proportion, en décrivant une courbe linéaire. En matière hormonale, la toxicité n’augmente pas toujours de façon linéaire mais peut passer par différentes phases et former des « courbes en U, c’est-à-dire quand la dose est faible, la toxicité est élevée ; quand la dose est moyenne, la toxicité est basse ; elle redevient forte à dose élevée. » ou des « courbes en U inversé, c’est-à-dire quand la dose est très élevée, la toxicité baisse. » Les courbes ne sont pas linéaires, elles sont dites « dose- réponse non monotone ». Il est difficile dans ces conditions. de fixer un seuil de toxicité1 . En effet, un polluant qui a été considéré comme sûr à dose moyenne peut se révéler très délétère à des doses plus faibles (Colborn et al., 1994).
The traditional approach in toxicology and ecotoxicology is to study the effects of a single substance, independently of other exposures. In practice, however, organisms are exposed to multiple substances that may act synergistically. This is why substances that are considered non-toxic on their own can have deleterious effects if they act together. When several toxic substances act at the same time, the final toxicity is greater than the sum of each toxic substance. This is known as the cocktail effect (Delfosse et al., 2021). We are exposed to several chemicals at the same time. Assessing the effects of this toxic cocktail is still very new. Given the enormous diversity of endocrine disruptors, it’s easy to imagine the problems involved in taking this cocktail effect into account: the number of possible combinations of substances seems staggering. However, various experiments have already shown that the effects can combine and sometimes exceed the sum of the effects of individual products. Even more disturbing is the fact that endocrine disruptors present in the body in harmless doses, taken separately, can become highly toxic when mixed together (WWF, 2011). Delfosse et al (2021) have shown how chemical mixtures can modify physiology and homeostasis at concentrations where the individual components are considered safe. In classical toxicology, the more poison is added, the greater the toxic effect, in proportion, describing a linear curve. In the case of hormones, toxicity does not always increase in a linear fashion, but can go through different phases, forming « U-shaped curves, i.e. when the dose is low, toxicity is high; when the dose is medium, toxicity is low; it becomes high again at high doses » or « inverted U-shaped curves, i.e. when the dose is very high, toxicity decreases ». The curves are not linear, and are known as « non-monotonic dose-response » curves. Under these conditions, it is difficult to set a toxicity threshold1 . In fact, a pollutant that has been considered safe at medium doses may turn out to be highly deleterious at lower doses (Colborn et al., 1994).
Références
Colborn, T., Vom Saal, F. S., & Soto, A. M. (1994). Developmental Effects of Endocrine-Disrupting Chemicals in Wildlife and Humans. Environmental Health Perspectives, 14, pp 469–489. https://doi.org/10.1016/0195-9255(94)90014-0
Delfosse, V., Huet, T., Harrus, D., Granell, M., & Bourguet, M., Gardia-Parège, C., Chiavarina, B., Grimaldi, M., Le Mével, S., Blanc, P., Huang, D., Gruszczyk, J., Demeneix, B., Cianférani, S., Fini, J-B., Balaguer, P., Bourguet, W. (2021). Mechanistic insights into the synergistic activation of the RXR – PXR heterodimer by endocrine disruptor mixtures. Proc Natl Acad Sci U S A 118(1):e2020551118. https://doi.org/10.1073/pnas.2020551118
World Wildlife Fund (WWF) (2011). Perturbateurs endocriniens & biodiversité La diversité biologique face au risque chimique : nécessité d ’ un changement de paradigme. 32 p.
Burkina Faso Endocriniens Environnement Hormones Perturbateurs
Last modified: 3 octobre 2023